Je veux faire pleurer les gens : c'est en cela que tout réside... L'amour et le chagrin sont nés avec le monde... Il faut trouver une histoire qui nous saisit avec sa poésie, son amour et son chagrin, et nous inspire au point que nous puissions en faire un opéra.”
[ Giacomo Puccini ]
Si Puccini est le chouchou de tous les ténors lyriques, c’est précisément parce qu’il sait merveilleusement mettre en valeur cette voix, qu’il met au premier plan dans onze de ses douze opéras composés sur une quarantaine d’années de part et d’autre du tournant du siècle. Ses œuvres vont du ténor lyrique le plus léger au ténor lyrique le plus lourd avec des rôles écrits spécialement pour un de ses interprètes les plus prestigieux, Enrico Caruso.
Ainsi Rinuccio est le ténor lyrique insouciant et sage de Gianni Schicchi, œuvre comique des débuts de Puccini. Ensuite plus le drame se noue, plus la voix s’alourdit, devient puissante, les dernières répliques demandant un ténor presque dramatique, c’est alors la voix de lirico-spinto*, que l’on retrouve chez Pinkerton (Madama Butterfly), Rodolfo (La Bohème), des Grieux (Manon Lescaut), Edgar, Roberto (Le Villi), et Ruggero (La Rondine). Enfin quand Puccini arrive au paroxysme, c’est une voix spinto*, celle de Cavaradossi (Tosca), Calaf (Turandot) et Johnson (La Fanciulla del West).
Roberto Alagna connaît bien Giacomo Puccini. Il en a interprété les plus grands rôles, de Rodolfo à Calaf et Johnson (CD Puccini in love avec Aleksandra Kurzak). Il sait rendre les existences de ses personnages dénuées d'excessif héroïsme qui sont tout simplement animées par une force la plus naturelle qui soit : l'amour, dans un éclatement de la passion. Et dans cette violence vocale, il n’y a aucun forçage, juste une couleur qui fait penser au son velouté ou cuivré des cors.
*spinto (poussé, en italien)