RÉCITAL
Maîtres
Chaque génération a connu ses interprètes d’exception qui surent imposer d’emblée une autorité, une pensée musicale à la fois mûre et précoce. Anna Fedorova appartient à cette catégorie d’artistes à l’intelligence aiguisée pour laquelle le cœur a des raisons que la raison ne connaît pas.
La critique musicale unanime a des yeux de Chimène pour cette pianiste née en Ukraine en 1990 dans une famille de musiciens et diplômée en 2008 du Collège musical Lysenko pour les enfants doués de Kiev :
« Un sens inné de la poésie musicale, une artiste touchée par la grâce, une sensibilité remarquable de maturité. » Les éloges fusent de toutes parts, comparant cette artiste à ses grandes aînées Alicia de Larrocha ou Martha Argerich pour l’expressivité sauvage de son jeu et ses fabuleux moyens digitaux. Excusez du peu !
Rien pourtant dans son allure de jeune femme tranquille à la douce modestie ne laisse subodorer en concert une telle énergie et cette assurance de vestale passionnée que rien ne saurait détourner de sa trajectoire. Le jury de Piano Campus à Cergy Pontoise ne s’y est pas trompé qui lui a décerné en 2012 le Prix Denis Antoine de la Fondation AVC Charity, étape dans un parcours déjà fertile.
À son actif, quatorze Prix dans les compétitions internationales : en Pologne, en Estonie, en Géorgie, à Moscou, à Lyon, et en 2012 à Verbier où elle s’est perfectionnée auprès d’Alfred Brendel. Elle se produit désormais dans des salles légendaires : le Concertgebouw d’Amsterdam, le Carnegie Hall à New York, la Philharmonie de Varsovie, ou en France la Salle Cortot et bientôt l’Athénée-Louis Jouvet. Chacune de ses apparitions provoque l’enthousiasme du public : en mars 2009, elle a subjugué son auditoire à Amsterdam en interprétant en Première mondiale avec le Netherlands Symphony Orchestra dirigé par Martin Panteleev le 5e Concerto pour piano de Rachmaninov arrangé par Alexander Warenberg à partir de la partition de la 2e Symphonie du compositeur russe.
En 2014, elle avait fait paraître un récital consacré à Brahms, Chopin et Liszt sur le label DiscAnnecy. C’est dire la confiance que, dès cette époque, Denis Matsuev et Pascal Escande plaçaient en elle à l’orée d’une carrière riche de tous les espoirs et qui s’inscrit d’ores et déjà dans le sillage des musiciennes parlant le langage du cœur ».